Editorial

Odes à la paix et à la poésie

Installé à Paris puis à Sanary-sur-Mer, le Fribourgeois Paul Hogg a vécu les temps troublés de deux conflits mondiaux. S’il héberge des réfugiés fuyant la France occupée et échappe aux bombes qui déchirent le sol provençal, ses œuvres sont pourtant des hymnes à la paix et à la félicité. L’autoportrait «Face à la catastrophe», où il se représente hirsute, le regard grave (p. 50) et «Souvenir des bombardements» sont les rares témoignages de ces épisodes tragiques de l’histoire.

À l’instar du violoncelliste Pablo Casals dont les oiseaux chantent «Peace, peace, peace» dans son interprétation d’un chant populaire catalan ou du cinéaste Jean Renoir, fils du peintre Auguste, qui évoque la guerre sans filmer une seule scène de combat dans La Grande illusion en 1937, Paul Hogg lance à sa manière un appel à la paix. Il saisit les scènes de l’activité humaine, des femmes et des hommes qui s’affairent ou prennent du bon temps, dans un cadre magnifié éloigné de toutes préoccupations belliqueuses.

Qu’elles figurent des vues citadines ou alpestres, ses toiles sont un hommage au soleil et à la nature. Hogg fait vibrer les tons dorés du nord de l’Afrique, où l’on ressent la particularité de l’atmosphère imprégnée des sables jaunes. Il fait chanter les couleurs de la Médi- terranée, où l’olivier vient souvent nous rappeler sa symbolique. Toujours attaché à sa région natale, Hogg joue des clairs-obscurs et de teintes plus contrastées lorsqu’il représente les pentes des Préalpes ou ses sites pittoresques.

Cubiste parfois, Hogg maîtrise plusieurs langages de la peinture. Il aime faire jouer les matières et les objets dans ses nombreuses natures mortes très colorées qui montrent ce qu’il a appris de l’étude des maîtres anciens. Lorsqu’il immortalise ses contemporains, il révèle leur âme et leur expression intime. Mais avant tout, c’est un peintre de paysages, dont la valeur a été saluée en Suisse, en France et au Maroc. C’est aussi l’un de nos «paysagistes fribourgeois».

Curieux du monde, des coutumes et des modes de vie de ses terres d’accueil, l’artiste a rejeté tout ce qui est sombre et cruel, pour créer un corpus d’œuvres remarquablement poétiques. Il sort enfin de l’oubli en apportant un message de fraternité à la portée universelle.

Sylvie Genoud Jungo, historienne de l’art

Sommaire

Éditorial
Sylvie Genoud Jungo
Sur les traces de Paul Hogg
Denis Decrausaz
Une palette aux couleurs de la Méditerranée
Philippe Clerc
Ma visite chez l'oncle Paul et tante Simone
Daniel Baulon
Bibliographie
Liste des expositions