Editorial

L’ouvrage édité par PRO FRIBOURG ainsi que l’exposition prévue l’automne prochain au Musée d’art et d’histoire de Fribourg (MAHF), viennent célébrer un artiste qui aurait eu 100 ans en 2022, et dont la présence dépasse largement les frontières de notre canton et de la Suisse. En effet, Émile Aebischer, dit Yoki, a porté son art dans de nombreux pays, tout en gardant un lien profond à sa région d’origine. Dans une interview du 2 décembre 1992 accordée au journal Le Nouveau Quotidien, Yoki évoque son attachement à Fribourg en ces termes: «Le peuple est comme ses paysages: tout y est varié, mais toujours à une échelle intime. C’est cette dimension humaine, capitale, qui permet des liens de solidarité. Je crois à  l’importance des racines en ce sens qu’il faut d’abord aimer son coin de terre pour pouvoir s’ouvrir au monde. Cette projection me semble indispensable pour un certain bonheur d’être.»

Peintre verrier de renom, Yoki fait vivre la lumière dans ses œuvres. Nombre de ses vitraux sont à découvrir dans notre canton mais également à l’étranger, en France, en Italie, en Allemagne, en Israël, pour ne citer que quelques exemples. Parallèlement à l’art verrier, Yoki s’adonne à la peinture et s’y consacre avec plus de régularité à partir des années septante. Il peint des paysages d’ici et d’ailleurs. Ses voyages en France, en Angleterre, en Grèce, en Égypte ou encore, aux États-Unis sont une source d’inspiration. Il n’oublie néanmoins jamais ses terres d’origine et les représente dans de multiples huiles et aquarelles. L’artiste saisit les atmosphères changeantes, au fil des quatre saisons. Et, que ce soit ici ou ailleurs, une même sensibilité, une même poésie guide ses pinceaux, offrant des nuances particulières aux bleus du ciel et de l’eau, dans un jeu subtil de transparences.

Avant de conclure et de laisser lecteurs et lectrices découvrir cette riche publication, il nous faut évoquer même brièvement, son engagement pour le MAHF. Si son travail d’artiste est empreint de lumière, cette lumière et cette énergie positive, l’homme l’a aussi donnée dans son engagement pour la culture. Il a marqué l’histoire du musée non seulement au travers de deux expositions en 1978 et 1992, mais aussi en œuvrant durant trente-sept ans en tant que premier président de la Société des Amis, association qui, aujourd’hui encore, contribue grandement au rayonnement de l’institution, grâce au soutien de ses membres. Outre son engagement pour le MAHF, Yoki a également été l’un des cofondateurs du Vitromusée de Romont.

Son œuvre résonne toujours dans de nombreux lieux, en Suisse et au-delà. Au musée, son vitrail placé au 2e étage de l’hôtel Ratzé est là, comme inscrit dans la pierre de ce bâtiment pluriséculaire. Une lumière qui rythme le jour et qui vibre, encore aujourd’hui, généreuse.

Ivan Mariano, directeur du Musée d’art et d’histoire et de l’Espace Jean Tinguely-Niki de Saint Phalle

Sommaire

Éditorial, Une sensibilité vibrante
Ivan Mariano
Biographie, Yoki, un lumineux destin
Philippe Clerc
L'oeuvre verrier de Yoki dans l'espace profane
Valérie Sauterel
Yoki, esprit d'ouverture
Philippe Clerc
Yoki, l'oeuvre
Philippe Clerc
Yoki, un parrainage spirituel et artistique
Dominique Rey
Bibliographie sélective
Liste des expositions